Au cours de du Play Azur Festival de Nice de début février 2019 de nombreuses conférences ont eu lieu et une a éveillé ma curiosité : L'astrologie et l'astronomie dans Harry Potter. Cette conférence, animée par Astroscept (Serge Bret-Morel) et Astronogeek (Arnaud Thiry), posait une question très intéressante : quel est le rapport de J.K. Rowling avec l'astronomie et l'astrologie ?
Je vous ai déjà parlé d'Harry Potter et de J.K. Rowling dans un précédent article. Mais J.K. Rowling a rédigé d'autres œuvres également, dont on peut douter l'authenticité pour certains. En 2010, une étrange mise en vente a lieu en Angleterre d'un horoscope personnel de Jack David, qui serait signé de J.K. Rowling. Ce thème de naissance de douze pages est en plus illustré à la main. Seulement, J.K. Rowling n'a jamais démenti en être l'auteur.
Pourtant, en novembre 2007, elle disait : "J'ai fait beaucoup de recherches sur l’astrologie pour ce personnage [Professeur Trelawney]. C’était très drôle, mais je n’y crois pas du tout." Mais du coup, a-t-elle pratiqué l'astrologie ? Quel lien la saga Harry Potter a-t-elle avec l’astrologie et l’astronomie ? Pour répondre un peu mieux à ces questions, je serai aidé aujourd’hui Astroscept.
Bonjour Serge, merci d’être ici avec nous. Pouvez-vous nous présenter Astroscept ?
Bonjour Loan et tout d'abord merci pour votre invitation ! Astroscept, c’est à la fois un blog et un
compte Youtube sur lequel je place pour l’instant mes chroniques radios et mes conférences sur des questions touchant à l’analyse critique de l’astrologie. Je ne désespère pas, un jour, d’y proposer de vraies vidéos.
Mon travail oblige à poser des questions adultes à une astrologie qui en élude bien trop. Je suis titulaire d’un master en histoire et philosophie des sciences pendant lequel j’ai travaillé sur l’histoire de l’astronomie.
Mais, surtout, j’ai été membre actif pendant des années du bureau de la FDAF, la… Fédération Des Astrologues Francophones ! C’est donc en tant qu’ex-tenant de l’astrologie que je travaille aujourd’hui à sa déconstruction. Et cela fait toute la différence car j’apporte à la communauté sceptique des compétences techniques qu’elle n’a pas. L’examen de l’astrologie permet de s’initier à la pensée critique.
Comment la vie vous a-t-elle amené vers l’astrologie ?
C’est à ce moment-là que j’ai commencé à m’intéresser vraiment à tout ce qui touchait à la voyance, la numérologie, le tarot, les coïncidences et, donc, l’astrologie. Le plus étonnant est que j’étais alors étudiant en DEUG de mathématiques et que j’ai donc commencé à monter mes premiers thèmes astraux sur les bancs de la fac de sciences !
C’est là que j’ai commencé à remettre l’autorité de mes croyances en question et comprendre, notamment, que des centaines ou des milliers de systèmes philosophiques ou spirituels avaient précédé les nôtres. Et qu’ils étaient bien différents. Autrement dit, en perdant leur unicité, mes évidences perdaient leur… évidence ! C’est pendant ce cursus de philosophie que je suis entré en contact avec les astrologues et me suis dit : il faut faire du ménage et prouver une bonne fois pour toutes l’astrologie !
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@Thesaurus |
Comment êtes-vous devenu sceptique ?
J’avais commencé à lister tous les arguments sceptiques dès ma première année en philosophie. Je voulais faire comme Descartes : tout reprendre à zéro et faire le tri entre le bon grain et l’ivraie de l’astrologie.
Je m’y suis donc attelé un temps et ai constaté que je ne pouvais pas répondre à tous les arguments critiques. Et en produire des nouveaux, j’ai ainsi commencé mon « autocritique » de l’astrologie, plus complète (car plus technique) que la critique sceptique. Au bout de dix années, j’en suis venu à la conclusion que je n’avais plus rien à garder de l’astrologie. J’ai donc arrêté de la pratiquer.
Ce fut un moment très difficile pour moi car ma santé était atteinte. Au bout d’un ou deux ans après lesquels j’avais perdu presque tous mes repères, le hasard a fait que j’ai rencontré des membres de l’association Observatoire Zététique, avec lesquels j’avais eu auparavant des échanges un peu houleux. A ma très grande surprise, ils m’ont expliqué qu’ils trouvaient très intéressante une partie de mon travail : la critique de la critique. Ce fut un nouveau départ pour moi.
Qu’est-ce que la zététique ?
La meilleure définition de la zététique est « l’art du doute », autrement dit la connaissance et l’utilisation des outils d’une méthode éprouvée dans l’analyse de l’information (ses affirmations, argumentations, preuves, certitudes, etc.).
Elle a été introduite auprès d’étudiants dans les années 80, par le physicien Henri Broch, notamment parce qu’ils étaient en majorité convaincus que la relativité d’Einstein relevait plus de l’hypothèse que le pouvoir de tordre des cuillères par la force de l’esprit, qui aurait été prouvé. Oui oui, vous avez bien lu ! Henri Broch connaissait déjà bien le scepticisme scientifique et a choisi d’en appliquer les méthodes à des sujets en apparence impropres à son utilisation, mais aussi très ludiques : les phénomènes paranormaux.
Mais il y a un aspect pédagogique à ce choix : l’esprit résiste quand on s’attaque à ses croyances, ce pourquoi l’application à des phénomènes paranormaux souvent anodins permet de mieux appréhender les outils de l’esprit critique sans se sentir agressé. D’en saisir plus sereinement la pertinence.
On s’initie à la zététique en prenant connaissance des résultats de ses travaux puis, dans un second temps, en appliquant ses outils à nous-mêmes. Actuellement, la zététique prend de l’ampleur sur les réseaux sociaux et profite aussi du développement de plateformes comme Youtube où des chaînes
Il y a réellement un avant et un après Bataclan / élection de Donald Trump / débunkages en série du documentaire « La révélation des pyramides ». Mais la zététique profite aussi du développement de plateformes comme Youtube où des chaînes telles La Tronche en Biais, Hygiène Mentale, Mr Sam, le Débunker des étoiles, voire Defakator (qui ne se revendique pas officiellement de la zététique) ou la mienne Astroscept, proposent de nombreuses vidéos de qualité.
Mieux encore, on y trouve aussi les enseignements universitaires de Richard Monvoisin à l’université de Grenoble : ses cours d’initiation à la zététique sont de purs moments de bonheur, ils sont aussi très accessibles.
Serge a répondu de façon plus détaillée dans une version longue de cet article. Je vous invite donc à aller voir le consulter sur le site d'Astroscept. Samedi prochain, nous reviendrons sur la différence entre astrologie et astronomie avant de mettre en oeuvre les principes de la zététique à Harry Potter pour savoir si J.K. Rowling a pratiqué l'astrologie dans les années 90. Sur ce, je vous dis à très bientôt (à samedi du coup) !
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